L’allergie est aujourd’hui qualifiée « d’épidémie silencieuse » par les médecins allergologues et par les associations de patients allergiques. Plusieurs organismes professionnels et associatifs ont publié en avril un livre blanc nommé ainsi, et ce terme est particulièrement bien choisi.

Croissance exponentielle du nombre d’allergiques aux pollens en 50 ans
En 2022, 25% de la population au moins (et jusqu’à 40% selon les études) est aujourd’hui touchée par une allergie respiratoire. Dans les années 1970, seuls 3 à 7% de nos ainés étaient allergiques. D’après une les travaux d’une chercheuse du CNRS la proportion de personnes souffrant d’une allergie d’ici à 2050 montera à 50%.
Quand on sort d’une période de COVID, l’épidémie peut paraître se répandre doucement, mais c’est objectivement une croissance exponentielle du nombre d’allergiques à laquelle notre système de santé publique est confronté !
L’activité humaine et son impacte sur l’augmentation du nombre d’allergiques aux pollens
Comment expliquer cette explosion du nombre d’allergiques ? Qu’est-ce qui provoque une sensibilité accrue de la population à cette pathologie alors que la population n’a jamais été aussi urbaine ? Les réponses sont à chercher principalement dans l’évolution de notre environnement de vie.
Réchauffement climatique = plus de pollens !
Le réchauffement climatique est l’un des facteurs clé de l’augmentation des allergies aux pollens.
Tout d’abord, la migrations de certaines espèces de plantes font apparaître des espèces sur des territoires qui en étaient jusqu’alors préservés. Ainsi, par exemple l’ambroisie remonte vers le nord. Le pollen émis par cette espèce de plante invasive est particulièrement allergisant, lui valant d’ailleurs un traitement tout à fait particulier en matière de surveillance (Association Fredon) en France et dans beaucoup de pays.
Second facteur, l’augmentation de la quantité de dioxyde de carbone dans l’air, « stimule » la photosynthèse. Ceci provoque une augmentation de la quantité des pollens dispersés dans l’air, voire des floraisons multiples de certaines variétés comme les graminées par exemple.
La pollution augmente la sensibilité des allergiques aux pollens
La pollution est un deuxième paramètre important de l’intensification des réactions allergiques aux pollens.
A cause de la pollution, deux paramètres se cumulent :
L’irritation des muqueuses (gorge, nez, yeux) déjà présentes en raison de la pollution augmente la sensibilité aux pollens favorisant l’apparition des symptômes.
La pollution et notamment les gaz tels que les oxydes d’azote (No2) ou de souffre (So3), rendent perméable la membrane des pollens qui emprisonne les protéines allergènes.
Ces dernières sont ainsi directement relâchées dans l’atmosphère et pénètrent plus en profondeur dans le système respiratoire de l’allergique car elles sont de très petite taille (environ 2 μm contre 20 μm en moyenne pour les pollens). En résumé, la ou les pollens s’arrêtaient aux muqueuses, les protéines en question sont directement inhalées et se retrouvent directement dans le système respiratoire…
Dernier phénomène également démontré, ces mêmes protéines de pollens peuvent s’agglomérer sur les particules fines de pollution (PM 10, 2,5, 1…) et être transportées par celles-ci. C’est un processus extrêmement insidieux, mais malheureusement pour nous les allergiques, tout aussi efficaces pour nous faire souffrir !
Atopie et allergies : quand la génétique s’en mêle !
Ajoutons à ceci l’atopie, c’est-à-dire le fait qu’il existe un caractère héréditaire à l’allergie. Un enfant a seulement 10% de probabilité d’être allergique alors que ses deux parents ne le sont pas. Son risque grimpe à 30 à 50% avec un seul parent allergique. Et il explose jusqu’à 50 à 80% si les deux parents sont allergiques…
Alors ne va pas pour autant faire un procès à tes parents, mais prend tes précautions pour limiter autant que possible ton exposition aux pollens et minimiser tes symptômes !